C'est par le capitaine Augustin Baudin que le Yapana a été introduit ailleurs qu'en Amérique du Sud. Il se trouvait à Rio de Janeiro, lorsqu'il entendit parler du Yapana comme d'une panacée utilisée par les Indiens d'Amazonie pour soigner les blessures provoquées par des flèches empoisonnées et les morsures des serpents. Il essaya alors tous les moyens possibles pour en obtenir des boutures en proposant de fortes sommes d'argent aux personnes qui possédaient des pieds de Yapana. En désespoir de cause il déroba un pied de Yapana sur le balcon d'un habitant de la ville. Cela fut fait rapidement par un matelot équipé d'une perche et le pied fut embarqué sur le bateau qui pris la mer aussitôt. Augustin Baudin avait bien compris que le Yapana a beaucoup de valeur et lorsque le pied en question arriva sur l'ile Maurice (à l'époque Ile de France) en l'an 1797 il fut conservé et multiplié avec soin et chaque feuille se vendait très cher.

Quelques année plus tard en 1800, le Yapana fut introduit à l'île Bourbon (île de la réunion) par le capitaine Céré, un capitaine danois et le Yapana est depuis devenu la tisane la plus utilisée par les Mauriciens et les réunionnais.

A peine était-il arrivé à l'Ile de France, où s'était déjà répandue la merveilleuse renommée du Yapana, que tous les malades voulurent en obtenir.

Ceux qui, par chance, réussirent à faire pousser la plante, en plus de l'utiliser personnellement  vendirent plus tard des feuilles qui s'achetaient au marché à raison de 3 sous l'unité, une somme non négligeable à l'époque surtout pour une feuille, ce qui prouve encore l'efficacité du Yapana.

Le succès du Yapana dura assez longtemps, mais comme les laboratoires de l'époque n'étaient pas suffisamment bien équipés, les scientifiques n'arrivèrent pas à prouver ses vertus et il fut déclaré que le Yapana était uniquement une plante décorative. A cause de cela, les guérisons dont il était le responsable furent attribuées à d'autres médicaments. C'est ainsi que le Yapana a été malheureusement oublié par beaucoup de monde.

Le Yapana, ayant cependant marqué les esprits d'un grand nombre de gens, il fut utilisé en très grande quantité pendant l'épidémie de choléra de 1854, et même souvent sur ordonnance des médecins.

Le Dr Gouly recommandait d'ailleurs le Yapana pour ranimer la circulation et combattre les refroidissements dus au choléra. Sa prescription était celle-ci : 2 onces d'infusion de Yapana, 1 cuillerée à café de sel de cuisine et 1 cuillerée à café d'eau de vie ou de rhum.

J. Delisse, un célèbre botaniste et pharmacologue français, qui avait accompagné Nicolas Baudin, resta à l'île Maurice alors qu'il était atteint par le scorbut. Pour se soigner, il prenait tous les jours de l'infusion de feuilles de Yapana et mangeait même ces feuilles en salade. Il resta sur l'île après sa guérison et épousa une Mauricienne. Il ouvrit la première pharmacie de l'île.

Pendant une longue période, presque tout le monde possédait une plante de Yapana dans les régions où elle poussait. Elle était alors utilisée principalement pour soigner les problèmes de digestion comme la colique, le vomissement et la diarrhée, pas seulement à Maurice, mais dans de nombreux pays à travers le monde. Aux Philippines, on place ses feuilles sur son front pour soulager les maux de tête, en cataplasme sur des blessures, on mâche les feuilles amères contre la fièvre. Au Brésil, on se gargarise du jus des feuilles pour soulager les ulcères buccaux. En Argentine pour stimuler la menstruation. Au Trinidad contre la fièvre, la pneumonie et la fièvre jaune.


Un jeune plant de Yapana C Ecosystem